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juillet 16, 2019

L'industrie des engrais réduit de moitié ses émissions de gaz à effet de serre

Par: Florus Pellikaan (Veeteelt)

En tant qu’éleveur de vaches laitières, vous éprouvez aussi des difficultés à répondre aux questions des citoyens sur l'impact environnemental causé par votre entreprise ou par les matières premières que vous utilisez, comme les engrais. Dans cet article, nous aimerions donner plus d'informations sur la production d'engrais azotés et sur les mesures prises par Yara pour l'environnement. Cet article a été réalisé en collaboration avec Veeteelt et est paru dans VeeteeltGras de juillet 2019. Lisez-le ici...


En tant qu’agriculteur, vous éprouvez aussi des difficultés à répondre aux questions des citoyens sur l'impact environnemental causé par votre entreprise ou par les matières premières que vous utilisez, comme les engrais. Dans cet article, nous aimerions donner plus d'informations sur la production d'engrais azotés et sur les mesures prises par Yara pour l'environnement. Cet article a été réalisé en collaboration avec Veeteelt et est paru dans VeeteeltGras de juillet 2019.

Cela peut vous arriver à n’importe quel agriculteur par une chaude soirée d'été. Assis à un anniversaire ou debout à un barbecue, vient la question : « toi aussi, tu utilises de l’engrais ? » La majorité des agriculteurs répondront par oui à cette question. Une deuxième question suit : « mais c'est très nocif pour l'environnement, non ? » Au vu de la présentation des plans climatiques du gouvernement, la question, qui conduira sans aucun doute à une discussion plus longue, n'est pas du tout saugrenue, mais mérite une réponse nuancée de l’agriculteur. L'usine d'engrais de Yara à Sluiskil a l’habitude de répondre à ces questions et d'expliquer l’intérêt de la production et de l'utilisation des engrais. « Yara Sluiskil fait partie du top 10 aux Pays-Bas avec une émission brute de 3,8 mégatonnes de CO2. Il est logique qu'il y ait des questions », déclare Gijsbrecht Gunter, responsable des relations extérieures et de la communication chez Yara. Pour la production d'engrais chimique, du gaz naturel est décomposé et mis en contact avec de l'eau. Cela crée du dioxyde de carbone et de l'hydrogène. Le « collage » l'azote de l'air à l'hydrogène permet de créer de l'ammoniac, qui est le principal ingrédient de l'engrais. Du dioxyde de carbone est rejeté sous forme d'émissions lors de l'ensemble du processus.  

Du CO2 dans le coca et dans la bière 

La plus grande usine d'engrais du nord-ouest de l'Europe occupe une superficie de pas moins de 135 hectares à Sluiskil (en Flandre zélandaise) avec pour objectif principal de produire plusieurs millions de tonnes d'engrais à base d’ammoniac, de nitrate et d’urée par an. « Ces engrais favorisent la croissance des cultures sur des milliers d'hectares de terre dans le monde. Dans le débat actuel sur le climat, nous oublions parfois l'importance réelle des engrais au niveau mondial », explique Gunter.
 « La FAO, l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, a calculé que les engrais étaient responsables de pas moins de la moitié de la production alimentaire. Sans les engrais, nous aurions par conséquent deux fois moins de nourriture. À l'heure actuelle, ces mêmes engrais représentent 1 % de la production totale de gaz à effet de serre dans le monde », relate Gunter.
Dans le passé, l'engrais avait déjà été choisi comme la plus grande innovation chimique de l'histoire, devançant des découvertes comme les antibiotiques.

À Sluiskil, cependant, le personnel n’est que trop conscient du fait que le débat sur le climat est un nuage noir au-dessus de l'industrie qui se tient à la frontière entre l'environnement et la production alimentaire. « Yara a signé l'accord de Paris sur le climat et s'est engagée à réduire ses émissions de 85 à 95 % d'ici 2050 par rapport à 1990. Depuis des années, nous mettons tout en œuvre pour réduire les émissions. Pour l'instant, le compteur est à 55 %, et nous en sommes fiers. » Cette réduction est d'une part le résultat de l'optimisation de l'efficacité du processus et, d’autre part, des nombreuses possibilités d'utilisation du dioxyde de carbone qui ont été recherchées. « Nous vendons du CO2 à CocaCola et à Carlsberg, entre autres, pour créer les bulles dans les boissons gazeuses et la bière. De plus, nous fournissons le CO2 à un maraîcher voisin et l'utilisons dans le processus de production de l'engrais à base d'urée et d’Ad Blue, un mélange qui permet de rendre les moteurs diesel plus propres. Au total, nous réduisons les émissions de CO2 de 1,4 mégatonne. »

La taxe sur le CO2 coûterait 100 millions

Le gouvernement néerlandais veut parvenir à une réduction de 49 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. L'industrie s'est fixé un objectif de réduction de 59 %, alors que le chiffre actuel est de 33 %. Le fait que la société Yara soit déjà beaucoup plus avancée que presque toutes les autres entreprises ne signifie certainement pas qu'elle peut rester les bras croisés. « Nous devons tenir ces objectifs ambitieux et nous le ferons. Mais l'amélioration de l'efficacité a ses limites. On ne peut pas changer les lois de la nature. » Sluiskil suit de près les discussions de l’Assemblée nationale au sujet d’une taxe sur le CO2. « Une telle taxe serait mortelle pour l'industrie, alors qu'en Belgique, à seulement cinq kilomètres de là, il n'y a rien à payer. L'industrie disparaîtrait, des emplois seraient perdus et si elle déménageait en Chine, par exemple, il faudrait compter 2,5 fois plus d'émissions de CO2 pour la même production d'engrais, car le processus serait beaucoup moins efficace.

Outre les émissions de CO2, la consommation de gaz naturel constitue un deuxième problème pour l'industrie des engrais. L'usine de Sluiskil enregistre une consommation annuelle de 2 milliards de mètres cubes de gaz, dont un quart provient de Groningue. « À l'heure actuelle, une proposition de compensation pour réduire ce pourcentage, si souhaité, à zéro a été soumise au gouvernement », indique Gunter. L'utilisation d'un autre type de gaz comme le biogaz pour la production d'engrais chimiques ne résout pas immédiatement tous les problèmes, indique-t-il. « Il y a un très gros digesteur de lisier de porc près d'ici. Mais avec un besoin annuel de 18 millions de mètres cubes d'équivalent de gaz naturel, notre usine ne pourrait fonctionner que pendant 3,5 jours. »

Doublement des éoliennes

C'est pourquoi nous travaillons actuellement sur des alternatives qui nous permettront de produire des engrais chimiques sans apport de gaz (naturel). Jusqu'en 1991, Yara avait une usine qui utilisait l'électrolyse pour séparer l'eau en hydrogène et en oxygène, puis qui liait l'hydrogène à l'azote de l'air, ce qui produisait de l'ammoniac. « Par rapport au processus de production actuel, cette technologie est trois à cinq fois plus coûteuse. Mais le développement de cette question n’a pas non plus été étudié au cours de ces dernières années. Nous allons y consacrer nos efforts à présent. Ce n'est pas pour rien que Yara a récemment annoncé son intention de construire en Australie le plus grand électrolyseur au monde en collaboration avec le groupe énergétique français ENGIE. »
La production d'engrais chimiques par électrolyse consomme énormément d'électricité, et il faudrait qu'elle soit verte pour en un tirer un avantage en termes d’environnement. Gunter a calculé que pour la production à Sluiskil, il faudrait environ 3000 éoliennes, alors que les Pays-Bas n'en comptent que 2000 sur la terre ferme. « Et inutile de parler des panneaux solaires, il n'y aurait plus de terrain pour épandre de l'engrais », dit Gunter en souriant. Pour poursuivre immédiatement sérieusement : « Nous investissons autant que possible dans l'innovation et dans la durabilité, mais le remplacement complet de l'usine coûterait 5 milliards d'euros. Cela ne peut se faire en une fois, mais pas non plus en 10
ans ; il faudra le faire étape par étape. Tout comme la réduction des émissions ces dernières années. »

Cette article a été réalisé en collaboration avec Veeteelt et est paru dans VeeteeltGras de juillet 2019.